Sentiment Vs émotion : comment toucher vos lecteurs ?
Ecrire un roman, une œuvre littéraire ou un article de blog nécessite parfois la maîtrise de plusieurs facteurs afin d’impacter le plus efficacement possible ses lecteurs, quels qu’ils soient. Deux de ces facteurs essentiels sont l’émotion et le sentiment.
La compréhension et la maîtrise de ces deux terminologies, très importantes pour un rédacteur, peut s’avérer être l’élément clé pour réussir un bon article. Doit-on privilégier l’un au détriment de l’autre ? Doit-on les concilier pour avoir un plus grand succès ? Ces questions finiront par se poser à vous tôt ou tard, si vous voulez vraiment produire un bon article.
Les sentiments et les émotions : deux notions bien différentes.
Il ne faut pas confondre les émotions et les sentiments. Les comprendre chacun dans sa dimension est donc nécessaire pour les maîtriser, car ces deux termes sont très différents.
Tout d’abord, notons que la différence entre les sentiments et émotions revêt plus d’une nuance que d’une différence fondamentalement marquée.
Le sentiment peut être vu comme une émotion raffinée, à laquelle l’on est « habitué ». C’est un sentiment compris. On peut l’utiliser de façon délibérée. Par exemple, vous savez ce que vous ressentez à propos de telle ou telle personne, vous la traitez donc en conséquence.
Contrairement au sentiment, l’émotion est plus brute, plus "inconséquente". Elle vient de façon spontanée, sans prévenir, peu importe à quel point vous y êtes habitués. Ainsi, l’on peut dire à titre d’exemple que la rage est une émotion, tandis que le mépris est un sentiment.
Savoir utiliser les émotions et les sentiments peut être important, tant dans les œuvres de pure fiction que dans les œuvres plus réalistes ou même dans des billets de blog. Cependant, compte tenu des caractères intrinsèques de chacun de ces termes, il faut connaître quelques astuces et techniques afin de les insérer efficacement dans n’importe quel type de travail.
L’usage et la maîtrise de ces deux termes passent par une certaine compréhension de ce que les lecteurs veulent. Dans votre article, il ne s’agit pas de parler de vos sentiments à vous ou de relater votre propre expérience, les lecteurs ne veulent en réalité, ni lire votre vécu, ni celui de votre personnage. Ils veulent eux-mêmes vivre une expérience intéressante en vous lisant, a vous de savoir donc comment entretenir celle-ci.
Provoquez l’émotion chez vos lecteurs.
Pour créer de l’émotion, il faut tout d’abord créer une certaine action. Pour avoir l’effet qu’il faut, une émotion bien suscitée doit reposer sur l’effet de surprise. Très souvent, cette surprise est générée par le fait que le personnage exprime une émotion qui n’est pas immédiatement apparente dans la scène en question.
Pour créer une émotion authentique et sincère lorsque vous décrivez une scène, vous devez imaginez la réponse la plus évidente ou la plus probable que votre personnage pourrait avoir. Le lecteur s’attendra sûrement à la même émotion en lisant.
Ensuite, posez-vous la question suivante : « quelle autre émotion pourrait-il ressentir ? » Si, vous pensez que cela peut être difficile, dites-vous que les humains ressentent plusieurs types d’émotions. Les personnages peuvent donc aussi les ressentir. Puis, reposez-vous la question jusqu’à atteindre ce que l’on pourrait appeler un troisième stade de l’émotion. Là, vous pourrez utiliser ce « troisième niveau d’émotion » sur votre personnage. Le lecteur ne s’y attendra donc pas. A travers cette utilisation de « l’inattendu », de la surprise, vos lecteurs expérimenteront une émotion plus forte. Cela ne rendra la scène que plus vivante.
Il est également possible de créer de la surprise à travers un dénouement non connu d’avance, qu’on n’arrive pas à découvrir jusqu’à ce qu’il arrive, ou à travers un retournement de situation imprévu. Pour utiliser cette astuce, vous devez savoir et pouvoir détourner l’attention de vos lecteurs. Vous devez réussir à créer chez le lecteur, l’attente ou la prévision crédible d’un événement tout à fait différent de celui qui arrivera. Le point de chute est essentiel.
Mettez vos lecteurs sur de fausses pistes
Il existe ce que l’on pourrait appeler des catégories de « mauvaises orientations » pour détourner l’attention du lecteur sur un événement qui surviendra.
On peut d’abord citer la mauvaise orientation par sympathie. Ce type de mauvaise orientation inclut le fait que le lecteur est amené à ignorer ou à éluder le fait qu’un personnage sur lequel l’accent a été particulièrement mis, puisse réagir d’une autre manière que celle à laquelle il (le lecteur) s’attendrait.
Vient ensuite la mauvaise orientation par ambigüité. Ici l’intrigue est réalisée de telle manière que plusieurs résultats peuvent se produire. Vient finalement la mauvaise orientation par erreur. Ceci consiste à utiliser quelque chose dans le récit pour créer chez le lecteur une certaine opinion ou croyance erronée à propos de ce qui se passe, ou de ce que l’événement signifie.
Pour créer de la surprise dans l’émotion, vous devez faire croire au lecteur que certains autres résultats émotionnels (de préférence ceux opposés à ceux que vous voulez vraiment susciter) sont non seulement possibles, mais probables, voire imminents.
Par exemple, pour pousser les lecteurs à la peur, à la terreur, vous devez donner l’impression qu’il est impossible d’éviter ces émotions. Les lecteurs essayent d’habitude d’éviter un sentiment négatif, ils espèrent que le danger peut être contourné. Par conséquent, une fois que ce danger qu’ils pensaient évitable se présente à eux, cela leur fait ressentir cette peur, cette panique, jusqu’à l’intensifier parfois.
Soyez un maître du sentiment !
Le sentiment nécessite une certaine introspection. Cela nécessite donc par ricochet que le lecteur s’identifie au personnage et ait de l’empathie pour ce à quoi il fait face.
Il ne faut pas faire l’erreur de vouloir faire en sorte que les lecteurs ressentent en eux-mêmes, ce que les personnages ressentent. Le but est plutôt d’utiliser le personnage comme un moyen qui permettra aux lecteurs d’avoir eux-mêmes leurs propres sentiments. Ainsi, l’action de l’intrigue et ses personnages doivent être des moyens pour permettre au lecteur de créer sa propre expérience émotionnelle.
De récentes découvertes dans le domaine de la neurologie ont prouvé que les sentiments et la cognition ont un lien. Cela veut donc dire que l’un des facteurs essentiels dans l’expérimentation d’un sentiment, est l’évaluation que l’on en fait. Plus précisément, cela signifie donc, que contrairement à la tendance générale moderne, qui veut que l’on montre les actions directement, au lieu de les "annoncer" ou de les dire, les lecteurs ont besoin d’un certain "processus sentimental" pour mieux appréhender les sentiments auxquels ils feront face.
Ceci suggère qu’il faut dans une certaine mesure, permettre aux personnages de réfléchir sur ce qu’ils ressentent, ce qui rendra les sentiments plus concrets et plus personnel d’une part. D’un autre côté, il créera un certain espace-temps pour que le lecteur puisse expérimenter ses propres sentiments. Si le lecteur s’identifie au personnage, cela n’en sera que plus efficace, dans la mesure où cela l’amènera (le lecteur) à se demander s’il ressent les mêmes choses que son personnage.
Insérez des "scènes-suites"
Ce genre d’examen que réalise le lecteur sur lui-même apparaît souvent dans les suites d’une scène particulièrement dramatique ou à la suite de révélations ou encore de retournement de situations dévastateurs. Ces « scènes-suites » c'est-à-dire qui apparaissent après les scènes d’émotions fortes, permettent au lecteur (et au personnage d’ailleurs) de mieux analyser ce qu’il s’est passé.
Ce type de scène permet également au personnage, de réfléchir à la portée, ainsi qu’à la signification de l’événement passé et de réaliser un plan pour la suite des événements.
Il est généralement conseillé de ne pas trop faire durer cette analyse. En effet, y accorder un peu trop de temps pourrait à la longue ennuyer des lecteurs qui ont déjà compris ce qui s’est passé et veulent passer à autre chose. Un ou deux paragraphes suffisent largement.
Afin de mieux impacter le lecteur, votre personnage doit pouvoir approfondir ses propres sentiments. Cela passe par exemple par le fait de creuser plus profondément, c'est-à-dire comprendre véritablement ce qu’il s’est passé, évaluer et comparer ses sentiments, etc… Il doit finir par analyser l’impact de cet événement sur son identité propre.
Sentiments et émotions : Conciliez les deux
Il est clair qu’au fur et à mesure qu’il éprouve des émotions, que ces dernières deviennent des sentiments, et qu’il subit une certaine prise de conscience, un personnage change. Ce changement progressif crée l’histoire et permet au lecteur d’observer l’évolution du personnage étape par étape.
Ainsi, on pourra par exemple observer la transformation, la métamorphose d’un personnage auparavant en proie à ses émotions, en un personnage qui est maître de ses sentiments. A travers un usage maîtrisé de la surprise et de l’introspection, vous pourriez permettre au lecteur de vivre sa propre histoire en élargissant la conscience émotionnelle qu’il a de lui-même.
Voilà donc expliqué, les contours du sentiment et de l’émotion, ainsi que les différentes techniques pour savoir les utiliser à bon escient dans une œuvre littéraire. Maîtriser ces deux éléments pourra peut-être faire de votre œuvre un best-seller, si vous savez vous y prendre.